ZeMonBlog

Recherches de Geneviève Asse Galerie Antoine Laurentin

03/06/2019

A travers leurs minuscules macrocosmes, les œuvres de Geneviève Asse parlent d’étendues et de temps dilués, de paysage métaphysique, voire de méditation esthétique…

Geneviève Asse a peint durant des années le même bleu, utilisé à peu près toujours le même dispositif plastique, la même épuration synthétique des paysages marins de sa jeunesse, la même pratique « sans filet » et donc « artistiquement les mêmes risques de chaque fois rater son coup » pensait en substance Samuel Beckett de son travail. Sa production demeure pour ces raisons un travail de recherche opiniâtre et une énigme sur ce que peindre peut dire, ce qu’induit le mouvement toujours lent puis décidé d’une conviction et d’une expression picturales affirmées. La quarantaine d’œuvres, d’époques et de formats divers, que présente jusqu’en juillet la galerie Antoine Laurentin file ce chemin d’aventures et rappelle avec quelques travaux plus anciens que, dès ses premiers engagements d’artiste, Geneviève Asse visait une pratique et des œuvres à jamais questionnant et méditatifs.

L’exposition, composée d’œuvres venant de collections privées, permet en ce sens de découvrir la mobilité et la plénitude d’une créativité que j’admire parce qu’elle est toujours à la fois critique et ouverte. Les travaux exposés sont de diverses dimensions, jusqu’à des formats poche. Immédiatement, on sent l’artiste s’intéresser aux questions d’espace et de temps. Si la composition de certaines œuvres est nette, la plupart pourtant est floue et parait indécise, du moins assez retenue pour qu’on songe que Geneviève Asse travaille peut–être entre l’imperceptible et l’apparition. Sans doute est-ce à ce propos que certaines fois l’image semble juste esquissée, qu’il semble que l’artiste, œuvrant dans l’intuition de l’instant, a préféré travailler sans cadre et découper son œuvre comme on délimiterait une part d’océan. Sur toile ou sur papier, le moindre tableau porte avec assurance son souffle particulier et une réponse provisoire. Ainsi, ces peintures sur papier intitulées « Impression » où la superposition de traits horizontaux parallèles conçus à partir d’empreintes partiellement effacées crée sur un fond bleu aquarellé une thématique environnementale purement sensible. De même ces autres panoramas symboliques peints en hauteur ou étales confrontés à leurs débords. De même encore ces visions dont la monochromie océane provient davantage de l’égalité des valeurs des teintes que de leur spectre. De même toujours ces compositions inlassablement reprises pour être refondées dans leurs visons et leurs aperçus.

Les tableaux de Geneviève Asse parlent d’étendues, de temps dilué et de méditation esthétique. En focalisant mon regard sur leurs minuscules macrocosmes, ils m’évoquent des paysages intérieurs, sûrement métaphysiques. Il me faut chaque fois regarder leurs apparences plastiques comme des formules picturales* aussi délicatement ponctuelles qu’artistiquement prononcées.

 

* Cézanne, constamment à la recherche d’une réponse plastique à un problème pictural parlait de rechercher opportunément « une bonne formule ».