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Eh! Marlène…?

25/03/2017

En même temps qu’elle peint ses sujets elle dépose ses songes. Marlène Mocquet colle et décolle, mélange et démêle, fusionne et façonne plastiquement tout ce que la matière visuelle appelle, susurre, gouverne, induit, implique ou explique par l'exhubérance.

Marlène Mocquet rêve son travail, en réveille les nimbes autant qu’elle éveille les fins, en même temps qu’elle le transforme en fantasmagories, en même temps qu’elle y capture des visions et en découvre d’autres, en même temps qu’elle en érige d’autres, pour faire de ses nuits d’artiste le piédestal de ses peintures. Entrainée par les vagues de sa pratique, elle dérive, survole ou se love avec délice dans des écumes imprévisibles. Arpentant les terres vallonnées de paysages sans territoire, elle s’enfouit ainsi entre de supposées strates de son existence pour s’y terrer en silence, pour éclore une vue inédite, elle semble parfois profiter de l’écran subreptice du papier ou de la toile peinte. Marlène Mocquet jamais ne se tait, toujours et sans prévenir semble rechercher « L’onirisme toujours montrant des songes… » Parfois de quelques plumes se transforme en oiseau, à peine posé déjà envolé.

En même temps qu’elle peint ses sujets elle dépose ses songes. Marlène Mocquet colle et décolle, mélange et démêle, fusionne et façonne plastiquement tout ce que la  matière visuelle appelle, susurre, gouverne, induit, implique ou explique dans ses exhubérances. Elle caractérise autant qu’elle confond les formes et les couleurs entre elles, étale en décrochements baroques des hors jeux ou des mises en scènes involontaires découvertes pendant son travail, théâtralise et « opéraïse » son office artistique.

Elle perçoit sans contradiction, oublie aussi. Comme on conçoit et laisse, elle s’abandonne aux affres de ses fantasmes, pose et déploie, voire redéploye, freine ou précipite ses regards en pleins décalages personnels et collectifs, centralise et partage des zones floues entre les mouvements d’imaginations centrifuges et des forces focalisantes.

Marlène Mocquet divague dans ses thèmes, noie le poisson pour perdre qui cherche à s’y imposer, rend sa pratique diffuse, confond tous les pleins et tous les vides possibles, tous les traits et tous les contours qu’ils soient supposés ou factuels, n’enferme rien, ouvre partout sans disparaître nulle part, œuvre partout pour créer de l’attrayant, faire de chaque occasion de créer un œil, un espace et la forme d’environnement, un sujet naissant et évoluant d’images  en visions simultanément  auctoriales et imaginables.

Marlène Mocquet dirige et lâche ses outils de travail, se fâche et s’amourache avec les visions qui fusent, s’enferme dans des compositions picturales au dépend de délires et de… de… de… de… de… de… de pleins de trucs abstraits qui l’appellent en même temps qu’elle les isolent approximativement dans chaque dessin ou dans chaque peinture. Et pendant ce temps, et en même temps, son esprit s’embrume et s’enfume, se nuagise en d’épaisses couches subjectives de coton hydrophile.

Marlène Mocquet a peint et dessiné dans le Musée la Chasse et de la Nature des paysages que n’auraient pas reniés Ensor et Bosch, œuvré en long en large et en travers sur des feuilles de papiers et ses peintures sur toile aux formats impossibles et dans des cadres aussi improbables qu’hypothétiques. Discrètement, sur les murs entre les œuvres d’autres artistes, dans des vitrines, son travail exubérant murmure partout des rêves de son auteure.

Lequel travail se relèvera de ses efforts d’imagination qu’à condition de laisser à leur tour les visiteurs chasser sur les terres inconnues d’autres rêves.

Mars 2017