ZeMonBlog
23/12/2017
Très variée, l’exposition renvoie davantage à son commissaire et artiste, Matthieu Crismermois, qu’aux seules œuvres exposées. Il ne sait à l’évidence que créer. « Incapable » de se borner à produire ou se contenter d’illustrer, il cherche le mouvement et la vie. Sans doute convient cependant de préciser les perspectives conceptuelles du titre « Turnup ».
Dix artistes plasticiens, sculpteurs, peintres, photographes, performers ou installateurs de le scène dite émergente. L’expo s’intitule « Turnup2 », nombre des artistes étaient déjà présents lors de la première édition « Turnup1 ». Dix œuvres, et une seule œuvre par artiste. La présentation se limite à des textes pour l’essentiel produits par les artistes eux-mêmes, textes généraux ou textes spécifiques à l’œuvre retenue. Tout laisse penser que certains travaillent exclusivement dans le champ caractéristique de l’œuvre exposée quand d’autres s’impliquent dans la communication par l’art (vers le rôle du spectateur, sur la communication politique et sociale, selon l’actualité…) Les œuvres couvrent un large éventail de propositions : surréalistes, formalistes, histoire(s) (de l’art), purement esthétiques (peinture seule, sculpture, assemblage, installation etc.) Au moment du vernissage une performance sonore sous la forme d’une musique électro a lieu. D’autres performances sont annoncées lors du finissage.
Les productions sont évidement d’inégal intérêt, compte tenu de leur unicité notamment, et de ce qu’une information plus exhaustive sur les artistes permet de relativiser. Certaines sont passionnantes quand elles incitent manifestement le spectateur à déplacer/déranger son regard (ainsi Lucie le Bouder problématisant le châssis du tableau comme installation d’une surface dans un espace pictural, quand Cécile Hadj-Hassan concilie dans la sculpture d'un goute à goute poétique les deux temps à priori étrangers d’un sablier et d’une filiation, quand Xavier Cormier disperse arbitrairement une matière et une couleur chair sur une structure géométrique inspirée de la sculpture abstraite…) D’autres rappellent des choses « un-peu-trop-déjà-vues » (Magritte, Beuys ou Marcel Duchamp) ou se marginalisent en ne faisant que reproduire et alimenter le spectacle illusoire de l’art contemporain.1 La question de fond de l’autonomie surgit ainsi pour toutes, rendant chaque création réelle et intéressante ou indifférente.
L’exposition me semble en fait davantage renvoyer à son commissaire qu’aux œuvres elles-mêmes. En dispersant amicalement son appétit de nouveauté par une ouverture d’esprit aussi large que curieuse, Matthieu Crismermois montre qu’il ne sait que créer. A l’évidence incapable de se borner à produire ou se contenter d’illustrer, il veut du mouvement et de la vie. L’exposition à la galerie de la Voute (dans le 12e) dit qu’il agit en artiste dans son époque, avec sa profusion d’artistes émergents. Sa passion aidant et son désintéressement en la circonstance égal, s’agit-il cependant pour lui de faire aussi amicalement œuvre ?
Le projet de Matthieu Crismermois de vouloir faire vivre l’idée d’art par ses diversités de chemins est plus qu’appréciable et il est bon que ses intuitions aient trouvé un lieu de vie. Peut-être convient-il en revanche de peut-être mieux pointer l’idée générale ou la nature du projet collectif qui le guide en précisant ce que code le titre « Turnup »
1 : Nathalie Heinich, Le paradigme de l’art contemporain, Gallimard.