Drawing Now 2018… Maciej Haufa, galerie RCM. Tout de même !
24/03/2018
Une surprise et une découverte de taille, où la finesse et le plaisir subtil de créer dominent.
« Drawing Now 2018 » Impression générale que pour chaque galeriste, collectionner procède de l’édification d’un cabinet de curiosité personnel ; le dessin précieux comme un ouvrage décoratif et théâtral. Peu d’artistes de l’année précédente, du "sang" neuf, que neuf même, inconnu comme le « cheptel » nouveau au casting d’un radio crochet. Difficile de ne pas y voir une volonté de regarnir les linéaires d'un supermarché de quartier… Drawing Now ressemble à une épicerie aux apparences bio et dont l'emballage sert de garantie créative. L’audace et la recherche sont partout loin d’être au rendez vous, quand bien même une section « Galeries vs Process » a pour tache de le faire croire. Rien d’expérimental donc, ou si peu, surtout du déjà vu, mâché et pré-mâché, prématurément affadie par la banalité d'approches seulement "technicistes", parfois prématurément calcifiée.
Une surprise et une découverte de taille tout de même Galerie RCM. La série d’œuvres stupéfiantes de beauté d’un artiste méconnu Maciej Haufa. Fasciné par l’œuvre de Malevitch, l’artiste dérive à partir du concept du carré sur fond noir ou blanc pour le requestionner dans tous les sens théorique, formel et visuel, iconologique, décoratif et personnel.
Tout paraît simple, mais tout est subjuguant de sobriété et de complexité. L’artiste a découpé des sortes de passe-partout de forme carrée dans des supports de taille, d’épaisseur et d’aspect décoratif divers. Pn reconnait des intérieurs nabis, des collages pop, des effets de graffitis et de murs délabrés, aucun fond n'est indifférent. Chaque proposition de fenêtre découpée forme chaque fois le creux d'un sens à partir duquel l’artiste fait signe qu'il s'en préoccupe à la fois comme thème et comme symbole du regard, du travail plastique et naturellement de l’œuvre comme objet. Maciej Haufa mêle ou emmêle donc les codes visuels sur les fenêtres et le « mur », dégagent des principes de compositions allusives dans toutes les directions sensibles, formelles, décoratives, humoristiques, symboliques. Il y ajoute au passage avec humour des clins d’œil rétrospectifs à Matisse, Vuillard ou Bonnard, la peinture abstraite ou les collages dada…
Malévitch désidéologisé, artistiquement retourné vers son plaisir intérieur de peindre sans œillère des œuvres par ailleurs questionnantes… C’est malin et sagace, piquant d'ironie, déjanté et irrespectueux à souhait, d’une intimité directe, d’une culture personnelle et d’une créativité artistique admirables. C'est, en bref, d'une beauté renversante.