ZeMonBlog
14/06/2019
L’art de Côme Mosta-Heirt est étonnant, ou si l’on veut, d’un autre mot : pas étonnant, vue sa production aussi fortement structurée que burlesque, mais avec parcimonie…
Les œuvres de Côme Mosta-Heirt sont hasardeuses, inattendues, facétieuses, aléatoires, gaguesques, opportunistes, brutes autant que disciplinées, cultivées, évènementielles, théâtrales, esthétiques, sérieuses, d’un mot elles sont étonnantes, ou si l’on veut, d’un autre mot : pas étonnantes, quand on regarde à rebours son itinéraire et qu’on juge l’histoire de sa production aussi fortement structurée que formée aux clins d’œil, mais avec parcimonie.
Mosta-Heirt travaille à partir de pièces en volume qu’il conçoit lui-même et fabrique en quantité et au petit bonheur de l’art de créer : composées/fabriquées en bouturant entre eux de courts tasseaux de bois foncés. Mécaniquement, les pièces se présente comme des silhouettes d’arbres miniatures aux branches orientées dans les trois directions. Avec ses variations seulement esthétiques, à chaque pièce sont également ajoutés des éclats de diverses teintes ; l’artiste semble répéter par l’illustration un objet ou son squelette végétal chaque fois purement imaginaire. On remarque qu’artistiquement parlant, toutes les pièces filent l’image chaque fois cohérente de mini œuvres abstraites engagées dans une histoire de l’art aux échos presque purement théoriques.
Côme Mosta-Heirt aime donc répéter ou approfondir ses gestes de création ou vérifier leur validité en produisant et en variant à l’infini la même forme sinon son module plastique. Comme il aime déjouer l’idée d’une reprise et peut-être éviter les jugements hâtifs, il s’en sert aussi pour inventer des installations de diverses natures et scénariser à partir des sculptures et des peintures en relief. Partant, l’exposition devient aussi bien une présentation classique d’œuvres « à plat » ou en volume qu’un théâtre fictif dont les éléments du décor sont mis en perspective et en jeu. L’auteur des pièces agit par procuration comme acteur, producteur, spectateur et critique ou commissaire de l’exposition devenue un spectacle. Emporté par sa culture dialectique du travail artistique, et plus encore ici par son humour sensible, Côme Mosta-Heirt recherche l’étonnement du spectateur et pour cela imagine des déstabilisateurs esthétiques. On devine alors qu’au sol ce sont de vraies sculptures nées de l’agencement des modules qui sont installés, et on oublie les modules. On voit sur les murs des compositions bizarrement abstraites et vraiment métaphoriques, des assemblages méthodiquement construits et cependant ludiques, des dispositifs d’espaces soi disant mobiles et des apparences d’anamorphoses, partout des sommes d’écritures et de signes imaginaires, des paysages en rêves, des images brumeuses aussi authentiques que si elles étaient purement inventées.
Côme Mosta-Heirt, artiste conceptuel, se révèle doux rêveur d’art total. Et on le suit en toute complicité.