ZeMonBlog
11/11/2019
Rues Beaubourg, Grenier saint-Lazare, Chapon et Montmorency…
Galerie Templon, rue Beaubourg.
Les œuvres de l’artiste Oda Jaune. De grandes peintures sur le thème du corps humain conçues comme des collages un peu surréalistes. La présentation ose évoquer un travail de morphing… C’est peint dans un style réaliste pompier, mal composé, techniquement laid et mal peint sous des apparences de métier classique, laborieux, et esthétiquement daté. Le théâtre d’un travail sculptural aussi grossièrement imaginatif fait encore partie de l’illusion des œuvres présentées.
Templon rue du Grenier Saint-Lazare : Jonathan Meese.
Le thème : hommage à la capitale de la mode (Paris bien sûr !) et à la Haute Couture. Portraits de couturiers stars : Lagerfeld, Chanel, Saint Laurent, Galliano etc. Tous les codes du genre expressionniste sont réunis et hyperbolisés pour faire style : formats imposants, gestualité exacerbée, couleurs crues ou criardes, ambiance tripale, rendus de matières aussi brutes que badigeonnées sans retenues et à grands traits, compositions à la fois centrées et remplissage de la surface disponible "au feeling", finition aux graffitis braillard… sauf que c'est in fine très convenu, techniquement aussi peu sensible ou critique que possible, faussement créatif à force de se reproduire et en définitive inutile.
Rue Chapon…
Beaucoup d’ironie technique et historique dans l’emmêlement des œuvres et leur installation in situ. Les sculptures sont de deux types : certaines sont des structures modulaires à base de cubes, l’ensemble peut s’apparenter à du design d’étagères. L’essentiel de la structure conservée sans changement a des allures de grille en trois dimensions. Des parties aménagées pour servir de rangements permettent à l’autre type de sculpture, en l’occurrence des sortes de poteries en céramiques « travaillées au doigt », de trôner comme des souvenirs décoratifs. Les parois en plexiglass transparent et vivement teinté des cubes permettent à l’ensemble du « meuble » d’apparaître comme objet d’aménagement luminocinétique dans une ambiance d’espace kaléidoscopique pop. Les « poteries » dans les rangements ou disposées in situ dans la galerie ont conservé l’aspect brut du modelage et font songer à des vestiges. Sont-elles des corps ou des âmes antiques rapportées à leurs effigies abstraites ? L’artiste ne dédaigne pas les allusions à l’antiquité et pratique à l’occasion l’analogie indirecte. Le plus surprenant des œuvres et du travail de Salvator Arencio tient dans l’idée, opportunément poétique, d’imaginer ou de forger des translations entre visions aussi bien intemporelles qu’événementielles. Sur place, l’idée étrange que les étagères soient aussi des sculptures fait songer que la pensée de l’artiste balance entre un univers onirique et un réel théâtralisé. Un peu égaré mais aussi quelque peu émerveillé par l’esthétique éthérée du moment, le spectateur ne peut que se perdre en conjecture pour éprouver avec détachement le plaisir d’inventer des mondes.
Galerie ALB.
« Petites études sur les folies » par Maxime Touratier. Balançant entre hyperréalisme, photographie documentaire, œuvre numérique et peinture d’apparence, ce travail visuel d’essence essentiellement digitale « pointilliste » et technologique peine à sortir d’une réinterprétation purement mécanique. Devenues plus esthétisantes que composées, les œuvres versent dans la production d’ameublement pour intérieurs contemporains.
Même rue, Io Burgard à la galerie Maïa Muller.
Le dessin et la ligne ondulante semblent des préalables dans les œuvres que leur mise en scène, plus que leur composition à plat ou en bas reliefs, tire davantage vers l’objet décoratif. Le style choisi et volontaire draine en même temps une plasticité d’illustration maniérée et stéréotypée, sinon pauvre et sans impact.
Martin Bruneau, galerie Isabelle Gounod.
Une série de « portraits » peints sur le thème de la fable du potier Dibutades. En transposant l’histoire et la légende de Pline dans des portraits métaphoriquement et virtuellement partagés entre esquisse/pochade en pleine pâte et modelage/façonnage des formes, Martin Bruneau transpose et attire poétiquement l’attention sur l’attachement presque métaphysique du peintre à l’Art. C’est plastiquement sensible, chromatiquement intense et très classiquement composé, sans jamais être absolument contemporain ni assurément expérimental. Comme une peinture d’amoureux de l’art à la fois passionné et connaisseur…et moyennement créateur.
Richard Nonas, Galerie Christophe Gaillard.
Une présentation de l’exposition par la galerie cite des propos de l’artiste : « J’installe ma sculpture dans un lieu pour le changer en un autre lieu (afin qu’il le détruise) qui ne contiendra que le souvenir – le fantôme – du premier lieu … de même que le monde et la nature tout entiers sont constamment taillés, changés et aménagés par la culture… » A travers sa formation initiale d’anthropologue sensible aux pratiques d’usages créateurs minimalistes, Richard Nonas retrouve, produit et improvise en autonomie des principes de compositions d’une vitalité inventive manifeste. Conçues et articulées autour de gestes ou de faits élémentaires sinon de constructions d’apparences enfantines, les œuvres déclinent des créations aux apparences « préhistoriques », toujours à la fois surgissant et rémanentes de savoirs architecturaux anciens et de relevés poétiques. Quelle qu’elle soit la formule, chaque proposition plastique fascine autant par sa simplicité méditative et son évidence processuelle que par son humour subtil, l’intimité de sa culture et son ironie personnelle. L’artiste qui partage une conception de l’art proche des idées conceptuelles et minimalistes de ses contemporains : Donald Judd, Richard Long, Antony Caro ou Sol LeWitt, Carl Andre, Richard Serra, voire Barnett Newman etc. donne un aperçu percutant de ses choix esthétiques personnels. L’air de rien, cette expo authentique met en valeur une réflexion personnelle à la fois froide et débonnaire sur certaines complexités de l’invention artistique.
Rue de Montmorency
Tadzio, Galerie Brolly.
Malgré les apparences conceptuelles d’une démarche d’installation associant diverses techniques d’expression d’origine photographique (choix du noir & blanc, lumière, angle ou point de vue du spectateur, cadrage et présentation scénarisée des images), et malgré le discours explicatif (et daté) de l’artiste sur son travail, l’exposition ne fait aucun effet.
Galerie Alberta Pane, Ivan Moudov.
Après avoir été presque entièrement effacées par un badigeonnage nerveux de couleur blanche, les petites toiles exposées ne conservent qu’un étroit bord peint de la surface initialement recouverte. Les œuvres sont réduites à un process d’apparence théorique-critique de mise en cause radicale du support et de l’objet du tableau. On se prend à espérer davantage d’aura et des références d’analyses plastiques moins datées : le travail vs les œuvres ressortirait d’ « une analyse critique des conventions politiques et sociales ainsi que du comportement individuel » (dixit l’artiste). A part ce discours plaqué sur l’art et sa tentative de récupération aussi vaguement situationniste qu’aléatoirement duchampien ou Dada… rien.