ZeMonBlog
29/11/2019
Ce sont des paysages. Apparemment abstraites, leurs images caressent le réel en pointant le regard de l’artiste…
Ce sont des paysages. Indiscutablement aussi, des peintures dont le traitement non figuratif, la couleur et le fond à la fois atmosphériques et matiéristes pointent le regard de l’artiste à son travail. Les œuvres de Monique Frydman exposées à la galerie Dukto montrent que l’artiste également fascinée par ses thèmes extérieurs et l’intimité foncière de son travail d’atelier, veut s’atteler aux inspirations croisées de restitutions imaginaires et de créations toujours personnelles. In fine, les œuvres parlent d’oscillations intimes, de temps d’observation silencieuse, la discrète retenue d’un éveil à un monde unifiant expression visuelle et sensation personnelle.
Exposé au moyen de champs colorés aussi intenses que divers, ce qui fait paysage puise son efficacité dans les traitements visuels conjoints d’une manière de dessiner et d’une technique de peinture poétisée. Il s’agit en fait de pastels, c’est la force des couleurs parfois directes et parfois soigneusement mélangées qui les classe comme peintures. Le dessin est induit par des effets d’empreintes par frottement sur des surfaces granuleuses. La sorte de trame visuelle instaurée est accentuée par l’ajout d’un collant qui provoque un discret relief tactile. Le moindre détail est absorbé dans une masse optique que nulle anecdote ne réduit. Aucune forme n’apparaît séparément des surfaces couvertes de couleurs dont les teintes s’imposent en même temps que leurs agencements irréguliers s’ordonnent en pavages sublimes. Si on ne peut y voir que des prélèvements par nature vaporeux, le contour évanescent de chaque partie confirme une recherche artistique d’expression allusive et subjective par l’artiste imprégnée d’émotions optiques et quasi charnelles.
Les « peintures » caressent le réel comme Claude Monet a pu engager sa mémoire des images instantanées à travers des séries sur un même sujet. Monique Frydman connaît et apprécie intimement ces recherches apparemment toujours non figuratives et dont l’objectif avoué est d’honorer la somptuosité des couleurs du temps, autant que le plaisir silencieux de peindre. Dans la galerie, chaque tableau tient de l’affleurement, de manières qu’a l’artiste de constamment rappeler sa surprise esthétique autant qu’une tentative de rendu devenu pure émotion visuelle. Dans un beau préambule accueillant le visiteur, Monique Frydman ajoute être bercée par la couleur de Gauguin, la sensualité de Van Gogh, la force de peindre de Joan Mitchell, l’intemporalité plastique des tableaux d’Agnès Martin. Et évidemment Cézanne… Et encore un peu évidemment, le paysage abstrait des années 50/60.
Les micro-mondes de Monique Frydman sont les vues fugaces et subreptices d’instants passagers. Leurs compositions émanent d’une même temporalité émergeante ou surgissante. La forme plastique est une architecture visuelle augmentée par le geste et le coloris ; sur le tableau elle peut prendre l’aspect d’un aperçu local ou furtif, faire advenir des apparitions esthétiques. La culture sensible de l’artiste émeut ici au maximum, on se sent imprégné et comme envahi par sa curiosité de retenir du réel qu’il peut se transformer en une métaphysique du regard bouleversé par une image réduite à des empreintes. Sans anecdotes ou purement suggestives, les œuvres projettent des apparences en même temps que des échantillons subjectifs. Galerie Dukto, Monique Frydman fait part de quelques beautés de leurs passages.