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Peintures de paysages comme des océans à la galerie Fabrique Contemporaine

09/11/2021

Catherine David peint… Cependant ?… Le tableau…? 

        Catherine David peint. Sa peinture tente de capter l’aura d’un paysage d’une largeur interminable, éternellement ondulant comme un océan sans côte ni rivage pour le border. Elle l’évoque comme étendue, sa mesure et sa profondeur à l’aune de la hauteur du motif qui en dresse la vue sur la toile. Pour la fluidité, elle s’appuie sur des combinaisons de lignes ondoyantes et de vagues « vaguelettant » du plus proche aux derniers lointains. Sur la toile, ça devient un rideau vertical presque monochrome, géométrie à la fois frontale et imaginaire de vastitudes incarnées dans une teinte et un dessin se répétant à l’infini.    

         Pour laisser une place au ciel ou augurer l'imaginaire d'un horizon, la mer occupe plus ou moins d’espace dans le tableau. On ne sait pas toujours si l’emprise du thème n’est pas déréalisante pour l’apparence plastique de la peinture. En découpant la surface du tableau en plusieurs bandes, l’artiste semble avoir voulu en même temps construire son motif par plans et le cadrer dans une image esthétiquement sensible. Elle cherche par exemple à entremêler les points de vue d’un horizon et d’un premier plan d’où le spectateur est doublement sensé contempler la peinture. En même temps qu’on est saisi par la frontalité des surfaces peintes, on distingue des séparations et des déplacements significatifs du motif de l’océan sur la surface du subjectile : l’emplacement de la bande réservée à l’image de la mer diverge sur la hauteur des tableaux, la hauteur de l’image varie en s’élargissant, l’importance laissée au ciel change de statut en étant traitée indépendamment du reste du tableau. Quand parfois le motif couvre tout le subjectile, de discrets changements de teintes dans le traitement des couleurs silhouettent des champs équivalents. Conséquemment,  la construction formelle du tableau prime avec succès sur la forme illustrative, priorise efficacement la suggestivité d’une méthode plastique d’expression. Pendant que cette construction est expressive sur certaines œuvres, il arrive qu’en n’étant pas assez conçue sur d’autres, la peinture manque de force…    

           Comme Le moine au bord de la mer par Caspar David Friedrich, le bas réinventé des tableaux permet cependant à l’artiste de suggérer au spectateur d’entrer symboliquement dans chaque image et dans la peinture. A l’exemple du peintre romantique, le pictural se sublime avec la séparation momentanée mais nécessaire de l’illustratif et de la construction plastique critique. La mise en scène d’avant-plans fictifs susceptibles de servir le spectateur sont comparables à des figures d’admonition et vont précisément dans cette direction en augmentant l’effet d’image. Il faut souhaiter que l’artiste y puise de l’inspiration afin de développer davantage son travail créatif.