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Quelques expos…

15/01/2022

Anselm Kiefer, Oda Jaune, Anthony Caro, Keith Broadwee, Christophe Robe… janvier 2022…

Anselm Kiefer au Grand Palais éphémère    

       Rien de neuf depuis sa première occupation du site (à l’époque au rond point des Champs Elysées) il y a une quinzaine d’années, ou depuis sa rétrospective à Beaubourg quelque temps plus tard. C’est encore et comme toujours aussi énorme sans être monumental, toujours aussi expressionniste  et « tripal » sans être récent plastiquement, toujours aussi esthétisant et descriptif sans disrupter le vocabulaire technique susceptible de faire coïncider le rapport entre fond et forme autrement que de façon analogique et descriptive. Dans la lumière lugubre de l’exposition, on est sidéré par les œuvres aux proportions quasi naturelles  des paysages qu’elles reproduisent sans être ébahi par les découvertes plastiques. Et on s’emmerde. 

 

Oda Jaune, chez Templon, rue du Grenier Saint–Lazare  

         Une exposition « virtuose » de peintures (ultra)réalistes sur le thème des métamorphoses et des collages/carambolages de thèmes divers, souvent plus anatomiques qu’érotiques. On songe qu’on a déjà vu des centaines d’œuvres de même esprit, plus ou moins étranges et scolairement exprimées. Techniquement, tout est léché et sans disruption technique, aucune critique du langage pictural descriptif. Ces peintures là sont plutôt grandes, l’une d’elles étale sur environ sept mètres une gigantesque fresque onirique et multifocale autour d’un arbre couché. Au sous sol, une installation reprenant cette toile est vaguement bricolée dans un esprit spectaculaire à la Dali : il s’agit de « coller » à un univers de grotte à la fois merveilleux et onirique… Quelques œuvres de tailles très petites réunies dans une seconde partie de la galerie sauvent en partie l’impression de vide esthétique qui se dégage en rappelant heureusement mais de loin les « désordres » mystérieux d’Odilon Redon… Malgré ce « hasard », on s’ennuie devant ce qui semble n’être qu’une laborieuse démonstration technique.

 

Anthony Caro, chez Templon rue Beaubourg    

        Changement d’esprit. Les sculptures proviennent de la succession de l’artiste et donnent à l’exposition un faux air de rétrospective. On remarque une force constamment aussi créative dans le ton qu’inventive sur la forme. C’est souvent même surprenant d’humour méthodologique et minimaliste dans le geste du volume et la mesure du spatial. En étant tantôt architecturale  et tantôt concentrée sur un mouvement, chaque œuvre draine aussi en plus une idée particulière sur des marquages historiques combinés du monumental et du sculptural, d’où cette impression que l’artiste a pu s’intéresser de très près à la corporéité des volumes. Quelles qu’elles soient, les réalisations sont un régal sur l’art de rendre la conceptualisation du travail d’imagination aussi vivace que ses conclusions.

 

The sape of water par Keith Broadwee, galerie Sémiose    

        L’artiste aime les grenouilles. Il les met en scène dans des situations aussi parodiques que transgressives, aussi inconvenantes que déjantées, jamais à cours de suggestions décalées. Le style, transparent et (ironiquement) très coloré, s’appuie sur un geste cultivé et ferme du dessin livré aux allusions des situations décrites. Qu’il soit descriptif ou allusif, l’artiste cherche à moquer le langage pictural…comme d’autres avant lui. On retient sans surprise la fantaisie illustrative des œuvres sans percuter de nouveaux mondes artistiques.

 

Christophe Robe, galerie Fournier    

       Christian Robe aime la peinture abstraite, et dans cette dernière, les jeux de formes flottant entre silhouettes et empreintes, aux contours incertains et aux contenus ou aux référents vagues et pour partie impalpables, comme des organismes cellulaires dans un monde dématérialisé. L’artiste semble procéder la plupart du temps par agencements, dépôts ou dispersions esthétiques de formes jugées assez esthétiques pour entrer dans un projet de composition purement visuelle. De sorte que chaque effet fait signe d’une esthétique du pochoir de la trace ou de l’empreinte, parfois d’une tache évanescente projetée à l’aide d’un pistolet à peinture. On se trouve in fine devant des sortes de paysage possiblement oniriques ou en train de contempler des fonds marins légèrement agités… Très colorée et indiscutablement plaisante à regarder, chaque œuvre peine à retenir l’attention au delà du dehors. L’artiste, sans jamais titrer ou sembler vouloir rassembler ses œuvres sous un thème d’inspiration, voire chercher l’approfondissement d’un concept plastique conçoit-il avant tout la peinture comme un exercice de production d’univers visuels agréables ou souhaite t-il interroger son travail en problématisant son objet et sa forme ?